Comment installer des ruches dans son jardin ?

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écrit par Mathilde

L’apiculture est une pratique qui revient à la mode depuis quelques années. Face aux menaces qui pèsent sur notre environnement et sur les abeilles, nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter agir. En effet, les abeilles mellifères sont en voie de disparition. De petites actions sont autant de chances pour cette espèce menacée – par l’emploi des insecticides, les maladies et le réchauffement climatique – de survivre. Installer des ruches dans son jardin c’est pouvoir profiter d’un spectacle fascinant, mais aussi de récoltes de miel si vos colonies prospèrent.

Cet article vous présente les fondamentaux à respecter pour installer des ruches dans votre jardin. Et pour pouvoir pratiquer l’apiculture de loisir en France. Nous vous souhaitons une bonne lecture.

Quelles sont les obligations légales en France ?

L’apiculture est une pratique accessible au plus grand nombre. Mais qui est toutefois soumise à une réglementation précise.

En France, c’est de Code Rural qui détermine les règles à suivre, en ce qui concerne le lieu d’implantation d’un rucher. Un rucher est le lieu où une ou plusieurs ruches sont gardées.

Le Code Rural précise que les préfets et les maires sont compétents pour prendre des dispositions au sujet des distances minimales à maintenir entre les ruches, les propriétés voisines et la voie publique. Ces distances sont variables en fonction des départements ou des communes. Pour en savoir davantage, consultez la mairie du lieu d’implantation de vos ruches.

installer des ruches dans son jardin
La réglementation française permet d’installer des ruches dans une grande diversité d’endroits.

Dans la plupart des départements, il est attendu une distance minimale de 100 mètres entre une ruche et un bâtiment collectif, comme une école, une caserne ou une mairie. Ceci peut limiter considérablement les possibilités pour les apiculteurs situés en milieu urbain ou en zone pavillonnaire. Mais fort heureusement, le Code Rural a prévu une disposition complémentaire qui change tout !

Ainsi, si vos ruches et votre voisinage sont séparés par une palissade, un mur ou une haie d’au moins deux mètres de hauteur, plus aucune distance minimale n’est applicable. Ceci n’empêche pas de disposer ses ruches avec bon sens. Évitez d’orienter les entrées de vos colonies vers les habitations voisines. Car c’est en se trouvant au milieu de la trajectoire de vol des butineuses que le risque de piqûre est le plus important.

En France, il est obligatoire de déclarer son activité apicole, même si l’on n’a pas l’intention de faire commerce de miel. Cette formalité est à effectuer (et à renouveler chaque année) dès la première ruche acquise. Il est possible de faire cette déclaration en ligne. Et à l’issue d’une première déclaration vous obtiendrez un numéro personnel, le NAPI. Il devra être affiché à l’entrée de votre rucher, ou sur vos ruches. Pour en savoir davantage sur cette formalité, consultez le site du ministère de l’agriculture. https://www.mesdemarches.agriculture.gouv.fr/demarches/particulier/effectuer-une-declaration-55/article/declarer-des-ruches

Une assurance n’est pas obligatoire pour pratiquer l’apiculture de loisir. Mais elle est fortement recommandée. Une souscription peut se faire auprès de votre assureur, ou en vous adressant à une fédération d’apiculteurs. Quelques revues – comme Abeille de France – proposent l’assurance en complément de l’abonnement.

Quel emplacement choisir pour installer un rucher ?

L’emplacement de votre rucher est déterminant pour la santé de vos abeilles. En effet, celles-ci ont besoin de trouver – sur leur aire de butinage – suffisamment de pollen et de nectar pour subvenir à leurs besoins. La végétation doit être aussi abondante et diversifiée que possible.

Les zones de bois et de prairies offrent généralement le meilleur environnement. Si vous ne vivez pas à la campagne, rien n’est perdu pour autant. Les zones urbaines et périurbaines offrent souvent suffisamment de ressources florales pour les abeilles mellifères. Les parcs et les jardins des agglomérations sont plantés d’une grande diversité d’espèces, souvent très florifères. Ces milieux sont plus hospitaliers pour les abeilles que les régions de grandes cultures, où les floraisons viennent à manquer durant certaines périodes de l’année.

A l’échelle de votre jardin, vos ruches devront être placées à un endroit abrité des vents dominants durant l’hiver. Une exposition au sud ou à est est préférable. Mais les abeilles sont capables de s’adapter à des situations moins favorables. Vous pouvez améliorer l’environnement immédiat de vos ruches, en plantant tout autour du rucher des arbustes et des arbres. Choisissez des espèces florifères, même si les abeilles ont besoin d’énormément de fleurs pour suivre. La végétation permet de créer un microclimat favorable et force vos abeilles à prendre de la hauteur pour franchir les buissons et les arbres. Les couloirs de vol se trouvent au-dessus des têtes. Et les abeilles sont alors inoffensives pour vos voisins et les passants.

Si vous n’avez pas suffisamment de place dans votre jardin, il vous reste la possibilité de trouver un terrain avantageusement situé pour y placer vos ruches. Vous pouvez demander un emplacement à un agriculteur. Certaines cultures comme les arbres fruitiers ont besoin des abeilles pour le développement des fruits, et votre demande sera sans doute bien reçue par les arboriculteurs. Des associations d’apiculteurs proposent aussi à leurs membres des emplacements nommés ruchers partagés.

Quel matériel choisir ?

L’apiculteur débutant à le choix entre l’achat de matériel d’occasion ou bien de matériel neuf. Bien que des équipement de seconde main soient moins onéreux, on prend le risque de faire l’acquisition d’un matériel contaminé par des maladies. Il est donc préférable d’acquérir du matériel neuf.

Plusieurs magasins d’apiculture proposent des gammes étendues de ruches, combinaisons et enfumoirs. Vous trouverez une liste sur la page suivante https://apiculture.idlwt.com/commerces-specialises-en-apiculture. Il est conseillé d’utiliser les équipements utilisés dans votre région, par le plus grand nombre d’apiculteurs. Vous n’aurez alors pas de problème pour trouver des consommables et des éléments de rechange. Cette précaution est particulièrement valable pour les ruches et les cadres dont les formats sont différents.

Les différents types de ruches

Les deux principaux modèles de ruches utilisées en France sont la ruche Dadant et la ruche Langstroth. Cette dernière se retrouve surtout employée par les apiculteurs du sud-est de l’hexagone et de Corse. La ruche Dadant se retrouve utilisée par beaucoup d’apiculteurs professionnels partout en Europe. C’est la ruche conseillée pour débuter. Elle est suffisamment volumineuse pour accueillir d’importantes colonies d’abeilles. Elle se prête aussi bien aux transhumances qu’à la pratique de l’apiculture sédentaire. Mais il existe des usages locaux. Les apiculteurs du nord-est de la France et de Savoie pratiquent souvent l’apiculture avec la ruche Voirnot ou avec la ruche alsacienne. En Occitanie, on retrouve aussi des apiculteurs qui emploient la ruche Layens. Dans le Var, quelques anciens apiculteurs utilisent encore la ruche varoise.

Mais il existe beaucoup d’autres modèles de ruches. Les adeptes de l’apiculture naturelle s’orientent plutôt vers la ruche Warré ou vers la ruche kényane. Cette dernière est aussi appelée ruche horizontale par sa forme particulière. Enfin les puristes soucieux d’offrir à leurs abeilles des conditions de vie proches de leur habitat naturel, optent pour des ruches troncs. Ces ruches sont plus compliquées à l’usage. Il faudra se faire assister par un apiculteur aguerri pour débuter sur ces formats hors norme.

Combien de ruches faut-il pour débuter ?

Bien souvent, les apiculteurs néophytes ont la sage intention de débuter avec une seule ruche. Ce n’est pas forcément une bonne idée. Il est préférable de prendre au moins deux ou trois ruches pour pouvoir pratiquer suffisamment et comparer le développement entre ses colonies. On pourra aussi disposer d’une base pour réaliser des essaims artificiels et agrandir progressivement son cheptel.

De plus, il ne faut pas oublier que l’apiculture réserve aussi de mauvaises surprises. Dans certaines régions de France, plus d’un tiers des colonies meurent au cours de chaque hiver. Avec plusieurs ruches vous avez davantage de chances de poursuivre continuellement votre activité. Vous pouvez aussi assurer seul le renouvellement de votre cheptel en pratiquant des divisions de vos colonies.

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Quelles sont les meilleures races d’abeilles pour les apiculteurs débutants ?

L’apiculteur débutant aura davantage besoin de colonies calmes, durant ses manipulations. C’est-à-dire des abeilles peu disposées à piquer en cas de geste brusque. Cette douceur se retrouve chez la plupart des lignées d’abeilles sélectionnées par des éleveurs. Il est donc conseillé de s’adresser à un producteur d’essaims. Recherchez une adresse proche de votre domicile. Les abeilles qui y sont élevées seront davantage adaptées au climat local et à votre environnement floral. Pour être plus clair, n’allez pas chercher vos abeilles en Bretagne, si vous devez peupler des ruches en Savoie.

Il est souvent conseillé de débuter par la race Buckfast. Celle-ci est le produit d’hybridations qui ont conduit à des lignées peu agressives et bonnes productrices de miel. L’abeille grise – sous-espèce d’abeilles originaire du Caucase – est aussi conseillée pour les débutants, car elle pique rarement.

Mais quelles que soient les lignées des abeilles que vous garderez, il est indispensable de porter au moins un voile de protection et d’utiliser un enfumoir durant l’ouverture des ruches. Car même les plus douces des abeilles peuvent avoir leurs “mauvais jours”. Restez donc toujours prudent.

Mais l’on peut aussi retrouver des lignées adaptées aux débutants parmi les abeilles locales. En élevant les abeilles natives de votre région, vous contribuerez ainsi à leur préservation. Certains éleveurs d’abeilles proposent des essaims d’abeilles noires, la sous-espèce que l’on retrouve naturellement en France et en Belgique et qui sont suffisamment douces pour une apiculture de loisir.

essaim d'abeille sauvage
Il est possible de récupérer un essaim sauvage. Mais cette opération demande quelques connaissances que n’ont pas les néophytes.

Il est aussi possible de récupérer des essaims errants. Ces derniers surgissent des ruches et des colonies sauvages au printemps et parfois en été. Si vous êtes suffisamment formé, vous pouvez capturer un essaim et l’enrucher seul. Vous devez simplement être certain que le propriétaire des lieux où l’essaim s’est posé, est d’accord pour que vous vous appropriez les abeilles.

Si vous êtes débutant et que vous n’avez pas encore l’expérience suffisante, nous vous déconseillons de récupérer un essaim sauvage sans être aidé. En effet, des essaims peuvent se poser dans des lieux difficiles d’accès et vous prendrez des risques en le récupérant. De plus, ces essaims peuvent provenir d’une ruche contaminée par des agents pathogènes et d’autres parasites. Vous prenez un risque en introduisant des abeilles dont vous ne connaissez pas le statut sanitaire.

Comment bien débuter en apiculture?

L’apiculture est une pratique qui demande de bonnes connaissances en élevage et en biologie des abeilles. Et en fonction du type d’apiculture que vous souhaitez pratiquer (apiculture naturelle, apiculture conventionnelle, apiculture de précision,…) les manipulations et les gestes à maîtriser ne sont pas les mêmes. Vous avez donc intérêt à vous former pour devenir apiculteur amateur.

Nous vous invitons à consulter votre article dédié à la formation des apiculteurs .

Installer des ruches dans son jardin en résumé

La pratique de l’apiculture est accessible au plus grand nombre d’entre nous. Les points importants à prendre en considération pour pouvoir installer des ruches dans son jardin sont :

  • Respecter les dispositions légales
  • Souscrire à une assurance
  • Choisir un bon emplacement pour vos ruches
  • Sélection du matériel de qualité et adapté à votre projet
  • Faire l’acquisition d’abeilles suffisamment dociles pour débuter en confiance
  • Formez vous au préalable, puis continuellement

Si vous ne disposez pas d’un terrain apte à recevoir des colonies d’abeilles, il est possible de placer vos ruches sur un rucher partagé. Vous pouvez aussi contacter des agriculteurs et notamment ceux qui ont besoin de pollinisateurs pour améliorer les rendements de leurs cultures. Sachez qu’il existe des ruches en ville. Paris en compte environ 2000. Si vous êtes citadin, renseignez-vous auprès d’une association d’apiculteurs. Il est possible qu’un rucher se trouve sur le toit d’un immeuble à proximité de chez vous.

Nous espérons que la lecture de cet article vous aura aidé à mieux penser votre projet apicole. Nous vous souhaitons bonne continuation.